Villers 2022

Évaluation YLITI

Anne-Lore : la session est enregistrée pour être ré-écoutée et retranscris en texte.

Si on parle de choses personnelles, on coupe l’enregistrement.

 

1ergroupe :

Villers, qu’est-ce que ça nous apporte ?

  • On se dépense : sport, renforcement musculaire, souplesse
  • On crée des liens sociaux, on appartient à un groupe, on s’épanouit ensemble sans jugements
  • On apprend à vivre ensemble
  • On a une grande liberté d’expression, une autonomie
  • On partage tous un objectif commun : apprendre des choses ensemble avec un professeur ; ou quand on voit plus grand, le spectacle de fin de semaine ; ou encore plus grand, le spectacle que l’on fera en fin d’année
  • Ça nous éloigne de la ville, de l’école, des réseaux sociaux ; on est dans notre bulle, ensemble, dans un bel endroit
  • On prend confiance en nous, en notre corps, en les autres : exemple, les exercices de danse contact avec Katja, on apprend à plus se faire confiance
  • On apprend à se connaître : nous-mêmes, les autres, notre corps
  • On apprend à s’exprimer avec notre corps
  • On rigole, on s’amuse
  • On apprend à travailler avec des personnes de tous les âges : les plus grands, les plus jeunes, les adultes
  • Ça nous apprend à travailler sur nos projets futurs, nous souder, nous forger, nous motiver pour le travail que l’on doit accomplir durant l’année
  • On a l’opportunité de travailler avec des danseurs qualifiés dans leur domaine, qui nous apportent plein de choses et nous accompagnent
  • Il y a des valeurs très importantes : la créativité, le partage, la solidarité, le respect, le dépassement de soi

 

Anne-Lore : le 2egroupe, quelque chose qui s’ajoute ?

 

2egroupe :

  • On est coupé du monde extérieur, on est dans un climat sain, qu’on n’a pas toujours l’habitude de côtoyer. On se sent à l’aise, on peut se reposer complètement. Notamment par rapport au stress scolaire.
  • Resserrer les liens au sein du groupe, surtout grâce à la danse contact. Plus d’écoute, plus de connections.
  • On apprend à se lâcher plus facilement, à apprécier notre corps, et en même temps le découvrir.
  • On nous laisse le temps de nous exprimer par rapport à notre ressenti, on nous demande comment ça s’est passé. Qu’on n’aime ou qu’on n’aime pas. C’est bien car on n’est pas censurés.
  • On apprend à s’écouter nous-mêmes, à se recentrer.

3egroupe :

On a beaucoup de points en commun avec les 2 autres groupes.

  • Lieu de socialisation, avec notre groupe, mais aussi avec les groupes des plus jeunes, et les parents.
  • Lieu d’apprentissage : danse, conscience de soi et du monde autour.
  • Activité physique, sport : ce qui nous amène à un corps sain et un esprit sain, et donc à être de bons citoyens.
  • Des rencontres et des ouvertures à des nouvelles choses : nouveaux profs, nouveaux styles de danse qui nous mènent à une plus grande ouverture d’esprit. On est au contact de personnes avec qui on n’aurait certainement pas eu de lien si on les avait croisées dans la rue, donc on a un endroit où rencontrer ces personnes qui sont différentes de nous.
  • Intergénérationnel : on se mélange.
  • Vivre ensemble, coopération.
  • Beaucoup de temps dehors : être à l’extérieur et profiter, sous le soleil, c’est que du bon (surtout après le covid). C’est une reconnexion à la nature.
  • Immersion totale dans la danse : pas trop de contact avec notre famille, l’école, et les autres activités.
  • Beaucoup d’apprentissages de nouvelles choses ; gros travail qui nous amène doucement vers le spectacle.
  • Prise de conscience du corps : avec Katja et Tijen, beaucoup de contacts, prise de conscience de la colonne vertébrale, du bassin.
  • Se recentrer sur soi-même, apprendre sur soi.
  • Apprendre l’indépendance, l’autonomie, s’autogérer, comprendre ses limites, se réveiller le matin pour être à l’heure au cours. On devait faire pour nous et du coup pour le groupe. Et être bien.

 

Anne-Lore : Quand vous dites « un environnement sain », c’est quoi pour vous ? Vous pouvez expliquer ?

 

  • Pour moi, un environnement sain, c’est un environnement où on se sent bien et où se sent à l’aise, où on est écouté. C’est un environnement où on peut être soi-même. Par exemple, il n’y a pas eu de conflits cette année, on s’est tous senti à l’aise et bien, on a tous pu faire en fonction de soi-même et des autres. Pour moi c’est ça un environnement sain.
  • La routine, le planning de la journée. C’est le même chose à chaque fois, les heures, la danse ; du coup, ça fait qu’on est habitué, c’est des journées rythmées, il n’y a pas de stress.

Anne-Lore : et ça apporte quelque chose ?

  • Oui général
  • C’est un endroit où on peut évoluer. A l’école, par exemple, qui est aussi un endroit où on évolue, parce qu’on apprend des choses, mais c’est une manière qui ne va pas à tout le monde, car on est quand même beaucoup dans le stress et l’anxiété. Alors qu’ici, on évolue, mais on le fait à notre manière, on se forme nous-mêmes avec l’aide des autres. Alors que dans d’autres milieux, c’est de la pression en permanence. Ici, la pression, on décide de se la mettre, on décide d’aller plus haut.

 

Anne-Lore : c’était un programme costaud quand même.

  • C’était costaud mais c’est quelque chose qu’on a envie de faire, qu’on aime, on est là pour ça. Si on n’était pas prête à faire le programme costaud, alors on ne venait pas. En plus tout le monde a envie de faire le spectacle, c’est le projet final.

 

Pour en revenir à l’endroit sain :

  • Pour moi, y a le truc qu’il n’y a pas de jugement. C’est aussi un truc qu’on retrouve à la maison, à l’école (le but, c’est qu’il n’y en ait pas), mais la différence ici c’est qu’on fait en sorte qu’il n’y en ait pas, on se le rappelle souvent, on se pose souvent des questions, tout le monde fait attention à ce que tout le monde soit bien.
  • Avec Paola, on faisait fort attention à ça. Quand on se déguisait, d’abord on était un peu gênée de passer devant les autres, puis ça allait. On travaillait plein d’aspects : être bien avec soi, bien avec les autres, avoir confiance en soi, le booste pour faire le show, être hyper à l’aise, être au max ;
  • Pour moi, l’école, je ne trouve pas que ce soit particulièrement sain. Il y a un code vestimentaire. Ici, tu mets un t-shirt, un pantalon, on ne va pas parler de ça. Tout le monde est à l’aise. Puis il y a des trucs avec les profs, on travaille pour être à l’aise ensemble.
  • Par rapport à l’alimentation : c’est plutôt sain, on a l’énergie dont on a besoin pour la journée, on a tout ce qui nous faut. Tout le monde est à l’écoute. On nous demande ce qui a été, pas été. A l’école, il n’y a pas forcément d’écoute.

 

Anne-Lore : Il y avait beaucoup de gens (vous, l’équipe cuisine, les petits, les plus jeunes) qui disaient : waouw, c’était vraiment une bonne édition. Qu’est-ce qui fait que c’était une belle édition ? Je ne sais pas ce qui s’est passé qui fait que j’entends plus spontanément ça cette année.

 

  • Je pense que ça tient déjà au fait qu’au sein de notre groupe, les liens étaient plus soudés. Il y avait moins de tensions, moins de prises de tête.
  • On rentrait en contact avec les autres, on avait l’impression d’être vraiment un groupe, on se comprenait.
  • On avait un planning chargé, mais tout était bien agencé. Fin de journée, on est fatigué, mais c’est de la bonne fatigue. C’est une journée où on s’est amusé. On avait un cours avec Katja le matin, ça commençait fort intense ; puis on avait les claquettes qui changeaient fort de bord, puis on avait Tijen pour retourner dans la concentration après avoir fait claquettes, que c’est beaucoup se dépenser et faire du bruit ; puis après manger, Tijen, ça recentre. Puis en fin de journée, Paola, on explose toutes et on sort les dernières énergies qu’on a. Donc, par rapport aux différents cours qu’on a eu, on a eu à chaque fois ce qu’on avait besoin d’avoir.
  • Les autres années, on passait dans des groupes différents, on n’était pas tout le temps toutes ensemble dans le même groupe. C’était le cas cette année, donc ça a encore renforcé les liens. Ça permettait de s’appuyer sur confiance qu’on a, on n’a moins peur d’être jugés, car ce sont les personnes avec qui on a dansé toute l’année. On se connaît.
  • Je trouve qu’on a fort grandi cette année. Je me réjouissais de retrouver le groupe à la fin des vacances. On a toutes appris de nos erreurs, de nos expériences. On était à notre best. On savait toutes ce qu’on ne devait pas faire. Moi, personnellement, j’ai beaucoup plus appris sur mes limites, ce dont j’ai besoin pour vivre dans un groupe, je suis plus mature par rapport à nous. On savait mieux comment fonctionner ensemble.
  • On est chacune plus dans l’écoute de nous et des autres.
  • Les 2 derniers jours, je me suis vraiment rendu compte du travail qu’on faisait. Parce que, par exemple, le cours avec Tijen, j’y allais en me disant : « oh, c’est chiant, on s’ennuie ». Donc, pendant je suivais l’atelier, j’étais en mode « c’est un peu nul », mais après, quand on dansait, je me rendais compte que ce qu’on avait fait avant, ça nous avait apporté blindé. J’ai trouvé qu’entre le début et la fin du stage, on s’est plus rendu compte (que les autres années) de tout ce qu’on a appris. Y avait vraiment une évolution.

 

Anne-Lore : Pouvez-vous mettre des mots là-dessus. Qu’est-ce que Katja et Tijen ont encore à apporter ?

  • On a fait une immersion totale, on était en full concentration. On ne pouvait pas décrocher. On s’est connecté à notre corps, puis à ceux des autres, tellement fort et intensément que c’était obligé, ça nous a fait faire un bond. Tijen et Katja étaient tout le temps à l’écoute de nous, nous demandaient si c’était bon pour nous ; elles ont plein d’expériences.

 

Anne-Lore : J’entends des trucs très positifs. Mais il y aussi des gens qui disent : « Moi, j’ai rencontré mes limites ».

  • Je trouve qu’avec Katja et Tijen, il y avait un énorme travail de concentration, et de conscience. D’abord avec soi-même. Mais à certains moments j’avais l’impression qu’on faisait de l’hypnose, c’était de la méditation, c’était presque de la transe, on était vraiment dans le truc. Tu prends conscience de choses basiques (ex : mettre ton poids sur ta main) ; tu prends conscience que c’est tout un mécanisme, c’est toutes des sensations dans ton corps (ex : le sable). On fait d’abord avec soi-même, puis on fait avec les autres. Les autres, qui eux aussi ont d’abord fait ça avec eux-mêmes. Donc quand après on se rencontre, on a plein de trucs à apporter aux autres, on réapprend tout ça ensemble. C’est tout un travail qu’on fait pendant toute 1 semaine, on construit, on construit, on construit. A la fin de la semaine, quand on a fait la jam, on peut vraiment apporter toutes les connaissances qu’on a, et c’est vraiment super, on peut s’éclater. Ça devient instinctif, on l’a tellement ancré en nous, on fait ça ensemble.

 

Anne-Lore : est-ce que tout le monde est d’accord avec ça ? il faut le dire, c’est important

  • Oui (général)

 

Anne-Lore : imagine – je ne vais pas le faire, pas encore – que dans 2 semaines, on est ici à Agora, et il y a un groupe de gens âgés. Est-ce que tu te sens (avec la maîtrise du corps, la conscience que tu as développée), est-ce que tu crois que vous êtes à l’aise d’aller vers des gens que tu ne connais pas, ou est-ce que c’est encore : « entre nous, oui ». Pas une jam ; mais un atelier commun dans lequel il y a du toucher.

  • Ça dépend si eux-aussi ont fait un travail.
  • Moi qui n’ai pas fait toute la semaine, je ne pourrais pas faire ça.
  • Moi je pense que oui, mais ce sera peut-être un peu frustrant pour nous, qui avons été si loin dans notre recherche. Mais si c’est pas un truc qui entre fort dans l’expérimentation, si ça reste dans les trucs de base, ça peut être bien.
  • Je crois que je ne serais pas tout à fait à l’aise, mais déjà plus qu’avant la semaine de Villers. Maintenant j’ai confiance en moi et dans les mouvements que je fais ; avant, j’avais peur de faire du mal à l’autre
  • Vu que nous, on a ces outils-là, mais que la personne en face ne les a pas, on peut faire un travail chouette mais ce sera moins intéressant si c’est que d’un côté. Pour moi, c’est vraiment important que ce soit des 2 côtés. Donc, on peut aller vers les gens, mais il faut qu’ils aient une certaine introduction à la chose. Pas juste : « on fait du contact, moi je te donne mon poids » et la personne se demande ce que je fais
  • Si c’est des gens qu’on ne connaît pas vraiment, j’ai l’impression que, sans savoir vraiment leurs limites, jusqu’où ils peuvent aller, moi ça me perturberait.
  • Oui, parce que du coup, ce serait un peu à nous à les guider. Nous, on se connaît, on sait comment faire. Là, on aurait moins confiance, même en l’autre, de savoir si on va pas être délicat avec la personne. Avec nous, on sait, on a appris ensemble.
  • Moi, ça me plairait. Avec des vieux en plus, qu’ils redécouvrent leur corps.
  • Même à nous ça nous apporterait. Pas forcément dans l’apprentissage.
  • Moi, ça dépend de l’âge. Je suis à l’aise avec les personnes qui sont plus jeunes que moi, ou alors vraiment plus âgées. Mais avec des adultes de l’âge de mes parents, je ne suis pas du tout à l’aise. J’ai vraiment un blocage, surtout les hommes.
  • (rire) Sauf s’ils sont beaux.
  • (rire)
  • Des personnes qui ont l’âge de nos parents, moi je serais mal à l’aise. En plus si c’est des hommes. Ces choses-là, ils peuvent encore le faire en faisant des cours du soir, ou des cours de danse, ou s’ils ont des conjoints ou conjointes. Mais les personnes âgées, je pense que ça peut beaucoup nous apporter à nous. Et surtout aux personnes âgées parce que c’est reprendre contact avec leurs corps, où ils n’ont plus beaucoup de liens avec leur corps. J’ai l’impression que c’est beaucoup plus de souffrances que d’autres choses. C’est le point de vue que mes grands-parents me donnent. Mais je sais que personnellement, j’adorerais faire les bases ; juste les échanges avec les mains, avec les bras. Je me vois bien le faire moi avec mes grands-parents, pour qu’eux puissent reprendre conscience de leur corps. Et c’est aussi un échange avec les jeunes.
  • Avec Katja, on faisait un truc, on commençait à 2, puis après un moment, elle nous disait de changer de personne. Pour moi, ça, recommencer à zéro, c’était plus dur. Au fur et à mesure de la semaine, je me suis aperçue que ça, ça allait mieux, que je pouvais me permettre de commencer avec une personne et continuer avec une autre sans tout recommencer. Donc, la prochaine étape serait de la faire avec des gens que je ne connais pas. Donc ça, ça pourrait être super intéressant, d’arriver à ne pas reprendre depuis le début avec quelqu’un, mais de prendre en chemin, même si c’est quelqu’un que je ne connais pas. C’est réussir à s’adapter. C’est de ça dont on parlait : l’adaptation. Faire les réglages vite, peu importe la personne que tu as en face.

 

Anne-Lore : Est-ce que tout le monde ose facilement aller vers tout le monde, entre vous ?

 

  • Dans le groupe, je pense que oui
  • Oui (général)
  • C’est pas pareil avec tout le monde, c’est pas la même intensité. C’est pas pareil si je vais avec X, si je vais avec Y . X, je la connais depuis très longtemps, Y moins. Mais c’est sûr qu’il y a bien plus une proximité qu’avec des gens qu’on ne connaît pas.

 

 

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